Après avoir maîtrisé l’art de l’animation, l’autrice Lucrèce Andreae nous offre un premier album super malin.

On découvre l’histoire de Clara, jeune photographe qui préfère être cachée derrière son objectif que de se retrouver sous les projecteurs. Réservée et plutôt introvertie, elle cherche, comme beaucoup de gens, un sens à sa vie. Loin de la réalité et de l’actualité, elle rêve d’une vie sans accrocs, discrète. Clara, ou Flipette comme on la surnomme, retrouve sa soeur dont elle s’est éloignée lorsque celle-ci a quitté le nid familial. Complètement à l’opposé, Axelle aka Vénère, a eu un tout autre parcours, bien plus engagé : perpétuellement en colère contre tout, elle manifeste activement, accueille des sans-abris chez elle pour leur offrir une douche et refuse d’accepter tous systèmes, oppressions ou inégalités qui composent notre monde.

Deux visions drastiquement opposées qui n’ont rien en commun, excepté quelques gènes. Et c’est là que la magie opère. On découvre alors la confrontation de deux mondes bien distincts qui vont devoir s’entendre. Deux individus qui font leur maximum à leur échelle, en franchissant clairement quelques limites discutables, afin de rendre ce monde un peu meilleur.

On a adoré cette représentation subtile du monde complexe dans lequel nous vivons. Ni toutes noires, ni toutes blanches, Flipette n’a pas plus raison que Vénère, et vice-versa, mais elles représentent chacune d’elle un pan de notre société. Entre grosses maladresses et moments de naïveté, le parcours des deux soeurs reflète fidèlement une jeunesse en désaccord avec son temps, mais qui a le mérite de se battre.

Plein de pistes de réflexion intelligentes, libre à nous de les explorer ou pas, qui ouvrent la voie à tout un tas d’autres questions. Que vous soyez Flipette ou Vénère, ou quelqu’un d’autre, vous y découvrirez dans tous les cas une très belle fresque de notre société.