Deux livres qui se répondent, l’un fourmillant, l’autre sans âme qui vive. La première oeuvre de ce projet, Citéville, dépeint en 9 histoires grinçantes la vie d’une métropole extrapolant les vices de notre société telle qu’on la connaît ; un mall gigantesque nommé BuyMore, Pôle Enfant pour les nouveaux orphelins, JobLand et du mobilier anti-SDF dernier cri à foison. L’auteur rit de tout, du honteux, du sale, du pire, surtout du monde minable dans lequel on vit, mais c’est drôle du début à la fin.
En 9 tableaux cinglants illustrant le malaise profond de la vie, on découvre une civilisation malade, mais complètement comique. Le dessin minimal et monochrome donne une ambiance presque clinique au récit et renforce l’idée de déshumanisation d’une ville.

Mais l’où ça devient encore plus fort, c’est lorsque Jérôme Dubois a sorti « Citéruine », chez les éditions Cornélius cette fois. Un reflet sans âmes de « Citéville », la même construction narrative, la même pagination, le même chapitrage, des dessins presque identiques, mais cette fois complètement dépourvus de la population qui les animaient dans le premier opus de ce projet. À lire à la suite, ou en parallèle (mais nécessitant une petite gymnastique), on redécouvre la mégalopole désertée, encore hantée par une société pourrie et décimée.

Simple projection de notre futur ? Monde parallèle ? Dans tous les cas, une sublimation du monde que l’on construit avec ambition, puis que l’on détruit si facilement.